Finance & Performance

L’émergence des crypto-actifs au sein des banques traditionnelles : quels enjeux ?

Thibault DEMOULIN

Publiée le mars 24, 2022

Selon l’Institut national de la consommation (INC), les crypto-actifs ou crypto-monnaies représentent « des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs les acceptant en paiement de réaliser des transactions, sans avoir à recourir à la monnaie légale ».

Parmi les crypto-monnaies les plus connues, on retrouve le Bitcoin, l’Ethereum, le Ripple ou encore le Litecoin.

Les cryptoactifs se développent considérablement. En effet, selon les données de Coingecko, un site spécialisé dans le suivi de plus de 10 000 cryptomonnaies, la capitalisation totale des cryptomonnaies dépassaient les 3 000 milliards de dollars fin novembre 2021.

Face à ce développement exponentiel, les banques ne pouvaient pas rester indifférentes au phénomène des crypto-monnaies.

1. Une adoption tardive et difficile des crypto-actifs par les banques 

A l’origine, les banques portaient un regard sceptique à l’égard des crypto-actifs.

En effet, plusieurs raisons justifiaient cette réticence des banques vis-à-vis du marché des crypto-actifs :

  • La nouveauté du phénomène : à la naissance des crypto-actifs, ce domaine était totalement inconnu des institutions bancaires, qui n’étaient pas formées à ce sujet. Les banques rencontraient alors des difficultés pour saisir les enjeux et les risques associés à la crypto-monnaie, ce qui les refroidissait à s’intéresser à ce secteur.
  • La volatilité des crypto-actifs : les monnaies virtuelles étaient jugées trop risquées en raison de leur volatilité.

Ces arguments ne sont aujourd’hui plus d’actualité et l’intérêt porté par le grand public aux crypto-actifs a poussé les banques à s’intéresser à ce phénomène en proposant à leurs clients ce type de produits financiers.

2. Les opportunités des banques face au phénomène des crypto-actifs

De nombreuses banques se sont ainsi lancées dans le monde des crypto-actifs.

Les banques pensent désormais que la cryptomonnaie va devenir d’ici quelques années un moyen de placement classique, au même titre que les actions ou les obligations. En proposant ce service innovant et attractif, les banques pourront alors répondre à une demande grandissante de leurs clients.

De nombreuses institutions bancaires ont mis en place des partenariats avec des entreprises spécialisées dans les cryptos, comme par exemple Lydia qui s’est associée à la plateforme BitPanda.

Les banques américaines Morgan Stanley et JP Morgan Chase proposent désormais des fonds en Bitcoins à leurs clients.

Ailleurs dans le monde, d’autres banques se lancent également dans le marché des crypto-actifs :

  • N26, néobanque allemande met au point un service pour échanger des monnaies virtuelles ;
  • Boursorama permet à ses clients de lier leurs comptes sur les plateformes d’échanges cryptos, telles que Coinbase, Binance et Kraken ;
  • Forge, filiale blockchain de la société générale s’est mise à proposer des prêts en DAI (un stablecoin décentralisé fonctionnant sur Ethereum (ETH) qui s’efforce de maintenir un cours de $1,00 USD).

Par ailleurs, de plus en plus de banques traditionnelles acceptent désormais les crypto-monnaies comme le Crédit Lyonnais et le Crédit Mutuel, ces banques limitant toutefois les échanges aux plateformes régulées respectant les protocoles liés à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Pour aller encore plus loin, certains établissements spécialisés dans l’échange de crypto-monnaies, se présentent comme des « crypto-banques ». C’est le cas de Coinhouse autoproclamée « première cryptobanque européenne », en janvier dernier, à l’occasion d’une levée de fonds de 15 millions d’euros.

Cela « correspond à un nouveau métier, celui d’être un acteur capable d’offrir des services qu’on connaît dans les banques, mais qui s’appliquent spécifiquement aux actifs numériques », indiquait Nicolas Louvet, patron de Coinhouse, dans un podcast de l’Agefi.

3. Vers une règlementation des crypto-actifs

Ce développement considérable des crypto-actifs inquiète la Banque de France, notamment en raison de la quasi-absence de règlementation encadrant ce type de monnaie.

« Qu’il s’agisse des monnaies numériques ou des paiements, nous, en Europe, devons être prêts à agir aussi vite que nécessaire, ou prendre le risque d’une érosion de notre souveraineté monétaire » annonçait François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, lors du colloque financier annuel de Paris Europlace.

La Banque de France souhaite que l’Europe mette en place le plus rapidement possible une réglementation claire autour de ces monnaies numériques.

Une phase d’investigation de deux ans a ainsi été lancée par la Banque Centrale Européenne destinée à la création d’une nouvelle monnaie européenne : l’euro numérique. L’objectif serait de proposer aux citoyens européens, dès 2025, une nouvelle monnaie numérique fiable et sécurisée.

L’un des objectifs de cette investigation sera notamment de déterminer le rôle des banques dans la distribution de cette nouvelle monnaie, afin d’instaurer une coopération avec les établissements bancaires.

Comme le souligne Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque Central Européenne, « l’objectif n’est pas d’engager une désintermédiation du rôle des banques ».

Autres articles

Voir tout
Contact
Écrivez-nous
Contact
Contact
Contact
Contact
Contact
Contact