Le Metaverse, nouvel enjeu et défi de taille pour le secteur bancaire
Quentin Aumont
Publiée le mars 24, 2022
Quentin Aumont
Publiée le mars 24, 2022
L’avènement d’une nouvelle ère numérique est en marche. Le développement des nouvelles technologies, dont nous sommes témoins, nous mène vers une transformation digitale d’envergure mondiale, qui s’inscrit dans une évolution technologique que de nombreux observateurs qualifient de web 3.0. Parmi toutes ces évolutions, l’une d’entre elles bénéficie d’une forte exposition médiatique et d’un engouement particulier du public : le Metaverse.
Monde virtuel immersif basé sur la technologie blockchain (technologie à la base des cryptoactifs), certains s’accordent à croire que cet univers viendra bouleverser le fonctionnement de la société de demain. Tous les secteurs d’activité sont concernés, et nombreux sont les acteurs ayant déjà misé sur le metaverse.
Avec cette nouvelle technologie, le modèle des banques traditionnelles risque de devenir obsolète. Pour pallier cela, c’est aux institutions bancaires de prendre les devants et de s’adapter à cette économie naissante. Nous sommes aujourd’hui aux prémices de la technologie blockchain et du metaverse, mais nous pouvons d’ores et déjà imaginer les nombreuses opportunités à venir pour les acteurs du système bancaire.
Les banques ont aujourd’hui le pouvoir d’être des précurseurs en la matière. Tout est encore à faire et les opportunités sont multiples. Selon Gartner, célèbre cabinet de conseil américain, 1 personne sur 4 passera au moins 1 heure par jour dans le metaverse d’ici 2026. Les banques doivent donc accueillir les opportunités résultantes de l’attrait naissant du public pour ces mondes virtuels, afin de conserver une position de force sur tous les types d’économies, qu’elles soient physiques ou numériques.
Les acteurs du système bancaire ont tout à gagner à être parmi les premiers sur la scène du metaverse. Afin d’optimiser l’adoption massive de cette nouvelle technologie, les banques peuvent s’implanter dans ces univers pour mieux y accueillir les futurs utilisateurs, et pour conserver leur rôle clé dans l’économie mondiale. L’exemple le plus évident étant d’imaginer l’ouverture d’agences virtuelles, dans lesquelles les banques pourraient proposer des expériences immersives de services client. Au-delà d’être simplement implantées dans le metaverse en reprenant un modèle d’agence physique, les banques pourraient ainsi toucher des clients qui ne peuvent pas, ou ne souhaitent pas se déplacer physiquement dans des agences bancaires. Nous pourrions aussi imaginer que dans ces agences virtuelles, les utilisateurs pourront investir dans des cryptomonnaies et des NFTs. Le cadre sécurisant des agences bancaires pouvant inciter les clients à placer leurs liquidités sur ces nouveaux types d’actifs.
Par la même occasion, les banques traditionnelles pourront ainsi tirer parti de l’essor du metaverse pour contrer l’intérêt grandissant de la population pour les néobanques, qui profitent de l’agilité qu’offre la dématérialisation des services bancaires. En ouvrant des agences virtuelles, les banques « classiques » peuvent donc espérer reconquérir des clients perdus au profit de cette nouvelle génération de banques.
L’intérêt de s’implanter dans le monde virtuel par le biais d’agences est limité par le fait que le metaverse est encore à un stade de développement primaire. Comme l’explique Ron Shevlin, CRO de Cornerstone, “the money in the metaverse isn’t in the metaverse right now. It’s in building the metaverse”. L’idée étant que, tant que cette nouvelle technologie n’est pas à un stade de déploiement plus avancé, s’implanter dans le metaverse n’aurait pas d’intérêt financier, étant donné que le nombre d’utilisateurs et donc de clients potentiels est encore très faible. Il faut d’abord que ces univers se construisent et s’alimentent en liquidités et en utilisateurs, avant que leur nombre ne soit suffisamment important pour que le développement de banques virtuelles traditionnelles soit intéressant.
Il serait donc préférable pour les banques, dans un premier temps, d’offrir des aides au financement de leurs clients via des prêts afin de les encourager investir dans le metaverse. Avec une évolution spectaculaire des prix des terrains sur les principales plateformes d’échanges (+700% en 2021 selon Forbes), nous observons un engouement sans précédent pour les actifs virtuels. La demande pour ce type de financement serait donc certainement très forte. Cette solution est aujourd’hui explorée par TerraZero Technologies, la première entreprise à avoir financé l’acquisition d’un actif virtuel via une solution d’hypothèque : la banque finance ainsi l’achat de l’actif, sous forme de NFT, et récupère la propriété en cas de défaut de paiement du client. Cela représente un moyen rapide pour les banques de faire leurs premiers pas dans le metaverse, puisqu’il s’agit pour elles d’adapter un produit largement utilisé dans le monde réel et de l’appliquer au marché des actifs virtuels.
L’un des enjeux actuels pour les banques est l’apparition et la démocratisation d’un nouveau type de finance : la finance décentralisée (DeFi). Écosystème indépendant de tout organe de contrôle, la DeFi permet à n’importe quel utilisateur de profiter de services financiers à faible coût, sans intermédiaire et quasiment instantanément. Les utilisateurs se financent entre eux, via la blockchain, et mettent donc de côté la banque traditionnelle. Le développement du metaverse pourrait donc être encouragé par une démocratisation de la DeFi : si les banques ne souhaitent pas financer l’achat de biens dans le metaverse, les utilisateurs passeront par la DeFi.
Une solution pour les banques serait de développer leurs propres applications DeFi, afin de faire un lien entre leur modèle traditionnel et cette nouvelle génération de financement. C’est d’ailleurs une solution exploitée par la banque Eastern Caribbean Central Bank (ECCB), qui a développé la plateforme DeFi « EQIFI », permettant ainsi aux utilisateurs de posséder des actifs virtuels et des actifs traditionnels au sein de la banque. Brad Yasar, CEO de EQIFI, explique que les futurs utilisateurs du metaverse voudront être en mesure d’utiliser facilement leurs actifs numériques dans la réalité, et leur monnaie traditionnelle dans le metaverse. ECCB offre donc à ses clients d’avoir cette flexibilité, en proposant des cartes de crédit permettant d’utiliser leur argent virtuel dans le monde réel en convertissant automatiquement leurs crytpomonnaies en monnaies fiduciaires, et vice versa.
De nombreuses autres possibilités pourraient être imaginées.
Pour reprendre la thématique du « bac à sable » qui est à l’origine du nom de The Sandbox, l’un des principaux acteurs des mondes virtuels, le metaverse est encore à un stade très primaire, où tout est à construire. Sur ce terrain encore peu exploré, les banques peuvent choisir de bâtir les fondations de la société de demain et d’en être les piliers.
L’avènement d’une nouvelle ère numérique est en marche. Le développement des nouvelles technologies, dont nous sommes témoins, nous mène vers une tran