Strategy & Transformation

La méthodologie C-K : catalyseur d’innovation de rupture pour les entreprises

Diane GALLOO

Publiée le mai 14, 2025

La méthodologie C-K : entre Concept et Knowledge

 

Face à la complexité croissante des marchés, à l’accélération des technologies et à la pression pour innover vite et bien, les entreprises sont confrontées à une question stratégique majeure : comment concevoir des solutions vraiment nouvelles, qui dépassent les logiques d’amélioration continue ? La méthodologie C-K (Concept-Knowledge), issue de la théorie de la conception, apporte une réponse structurée à cette problématique. En articulant connaissances existantes et conception innovante, elle permet de formuler, explorer et développer des innovations de rupture de manière rigoureuse et collaborative.

Encore méconnue de nombreux décideurs, la méthode C-K s’impose pourtant comme un cadre de raisonnement puissant, applicable à tous les secteurs et à tous les niveaux de l’organisation. Décryptage.

Une nouvelle manière de penser la conception

La méthodologie C-K, développée par Armand Hatchuel professeur à l’école des Mines ParisTech, puis consolidée en collaboration avec Benoit Weil jusqu’en 2003, repose sur une distinction fondamentale entre deux espaces :

  • L’espace K (Knowledge) désigne l’ensemble des connaissances existantes d’une organisation ou d’un secteur : données techniques, scientifiques, réglementaires, mais aussi usages, savoir-faire ou expériences passées.
  • L’espace C (Concept) représente des idées nouvelles, des pistes non encore explorées, parfois floues, paradoxales ou considérées comme irréalistes.

Le principe central est d’établir un dialogue dynamique entre ces deux espaces. Un concept, pour être développé, doit être confronté aux connaissances existantes : certaines vont permettre de le valider, d’autres de le préciser, d’autres encore de l’infirmer ou de le transformer. En retour, la confrontation avec ces concepts pousse à enrichir et faire évoluer l’espace des connaissances.

Ce processus de co-évolution entre concepts et connaissances constitue ce que les chercheurs appellent le raisonnement de conception. C’est un cadre structurant pour explorer l’inconnu, générer des solutions radicalement nouvelles, et structurer les phases d’incertitude qui jalonnent toute démarche d’innovation.

Une méthode applicable à des contextes variés

Contrairement à d’autres approches d’innovation (design thinking, lean startup, etc.), souvent centrées sur la résolution de problèmes ou l’expression de besoins existants, la méthode C-K permet d’ouvrir le champ des possibles bien au-delà du périmètre connu.

Chez Palmer Consulting, nous avons mis en œuvre la méthode C-K dans de nombreux contextes :

  • Dans l’industrie, pour explorer de nouveaux usages à partir de matériaux ou de technologies peu valorisés, et concevoir des produits durables à fort impact.
  • Dans le secteur de la santé, pour repenser les parcours de soins à l’aune des données numériques, des attentes patients et des contraintes hospitalières.
  • Dans l’assurance, pour concevoir des produits sur-mesure intégrant des comportements de prévention, des données environnementales ou des logiques collaboratives.
  • Dans le secteur public, pour imaginer des politiques innovantes ou de nouveaux services citoyens, en croisant expertise réglementaire, besoins sociétaux et opportunités technologiques.

Dans chacun de ces cas, la méthode C-K permet de dépasser les silos, de faire dialoguer les métiers, et de créer des solutions qui ne seraient jamais apparues dans un cadre traditionnel d’analyse.

Pourquoi adopter la méthode C-K ?

L’intérêt de la méthode C-K ne réside pas seulement dans sa capacité à générer des idées novatrices. Elle présente des bénéfices tangibles à plusieurs niveaux : stratégique, opérationnel et culturel.

La méthode C-K favorise l’innovation de rupture en structurant l’exploration de pistes radicalement nouvelles. En permettant de concevoir des offres ou des modèles économiques totalement inédits, elle s’affranchit des logiques d’optimisation incrémentale. Ce processus d’exploration permet ainsi d’aller au-delà des évolutions progressives et de proposer des solutions véritablement disruptives.

En parallèle, la méthode C-K permet de capitaliser sur les connaissances existantes. Contrairement à d’autres approches qui pourraient négliger l’expertise interne, C-K en fait un levier central. Elle pousse à mobiliser les savoirs de manière transversale, en encourageant l’implication des différentes expertises au sein de l’organisation pour nourrir les pistes de conception. Cela garantit une approche ancrée dans la réalité de l’entreprise tout en permettant une exploration créative et ambitieuse.

L’un des autres atouts majeurs de la méthode C-K est sa capacité à structurer l’incertitude. En introduisant une logique d’itération rigoureuse, chaque avancée conceptuelle repose sur des éléments de connaissance déjà acquis. Ainsi, même en l’absence d’un cahier des charges entièrement défini au départ, la méthode permet de progresser de manière structurée, en ajustant les idées au fur et à mesure de l’exploration et des découvertes.

La méthode C-K joue également un rôle clé dans la mobilisation des équipes. En décloisonnant les silos et en instaurant un langage commun entre les experts techniques, métiers, marketing et stratégiques, elle renforce la collaboration entre les différents acteurs. Ce partage d’un vocabulaire commun facilite l’engagement collectif autour des projets d’innovation, rendant chaque membre de l’équipe plus impliqué et plus à même de contribuer activement au processus créatif.

Enfin, la méthode C-K accélère la transformation organisationnelle. En modifiant les postures des collaborateurs, elle agit comme un puissant levier d’acculturation à l’innovation au sein des entreprises. En favorisant la prise d’initiative, la curiosité et la capacité à travailler avec des niveaux d’information partielle, elle crée une dynamique positive qui pousse les équipes à sortir des sentiers battus et à adopter de nouvelles approches de travail.

 

Ce que la méthode C-K change en profondeur

Ce que propose la méthode C-K, ce n’est pas simplement de « mieux innover », mais de changer la manière dont on pense l’innovation. Elle invite à ne plus partir uniquement de besoins exprimés ou de problèmes identifiés, mais à formuler des hypothèses audacieuses, à explorer des pistes inhabituelles, et à construire des connaissances nouvelles en chemin.

Dans un environnement incertain, où les règles du jeu changent rapidement, cette capacité à penser l’inconnu devient un avantage concurrentiel majeur. C-K permet de donner une direction à cette incertitude, en lui offrant une structure, une méthode, un cap.

Elle n’est pas réservée aux départements R&D ou aux cellules innovation. Elle peut s’appliquer à la stratégie, aux opérations, aux RH, au développement durable ou à toute autre fonction où l’innovation est nécessaire.

 

Une opportunité pour repenser l’innovation dans un monde incertain

La méthode C-K s’impose aujourd’hui comme une approche stratégique de l’innovation, capable de transformer durablement les organisations. Elle permet de concevoir autrement, de mobiliser l’intelligence collective, et de faire émerger des solutions réellement différenciantes.

Mais pour en tirer pleinement parti, son adoption doit être structurée, accompagnée, et alignée avec les enjeux de transformation de l’entreprise. Elle nécessite un engagement managérial, une ouverture à l’exploration, et une capacité à remettre en cause certaines évidences.

C-K ne remplace pas les autres outils de l’innovation, mais elle leur donne une profondeur stratégique unique. Elle offre une réponse aux organisations qui veulent aller plus loin que les solutions existantes et qui sont prêtes à explorer, structurer et investir l’inconnu.

Vous souhaitez développer des uses cases d’innovation au sein de votre organisation ?
Prenez contact dès à présent avec nos équipes d’experts.

 

 

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